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Martin le Malin est d'origine Hollandaise et non pas Française
comme beaucoup le croit et a vu le jour dans les années 50! Les
aventures ont été écrites dans leur version originale
de 1953 à 1960. Le titre original de la série était
"De Avonturen van Pinkie Pienter". Son créateur
est J. H. Koeleman. La plupart des sources indiquent que par la suite, deux autres dessinateurs ont reprit
le flambeau (Overeijnder et Dam),
Les aventures étaient
publiés par "Les albums du Gai Moulin" qui semble
être une division de la maison d'édition Hollandaise "Mulder"
(aussi connu sous "Mulder & Zoon" ou si vous préférez, "Mulder et fils"). "
Les albums
du Gai Moulin
" sont plus connus pour leurs éditions des
contes d'Alphonse Daudet. Le sceau "Les albums tricolores"
semble avoir spécifiquement été conçus pour
les Aventures de Martin le Malin, plus spécifiquement pour le format
à couverture flexible [Après recherches, il s'avère que ce format ainsi que le nom "Les albums tricolores" ont étés utilisés pour la publication d'une aventure du deuxième dessinateur de Martin le Malin, soit Overeijnder, La série s'intitulait "Les aventures de Dan Risquetout"]. Derrière tout cela, la compagnie
d'édition (Mulder) voulait sans doute faire un coup d'argent rapide
en traduisant rapido une bande dessinée Hollandaise en français
et profiter d'un marché francophone en dehors de la France (les
aventures de Martin le Malin semblent inconnues en France). Le marché visé était la Hollande d'abord, les pays Scandinave, la Belgique, l'Allemagne et le Canada.[Après recherches, j'ai trouvé des exemplaires des aventures de Martin le Malin traduits en anglais. Il semble donc que effectivement, les aventures ont étées disponibles en hollandais, en français et en anglais. Mais le marché anglophone semble avoir été dirigé vers l'Australie, je n'ai trouvé aucune référence des albums en anglais autre qu'en Australie. En anglais, Les aventures de Martin le Malin se nomme "The adventures of Ronny Roberts"].
- La petite histoire -
L'histoire officielle retient que la maison Mulder publia en 1953 la première aventure de Martin le Malin fait par J.H. Koeleman. Les albums étaient dans un format populaire de l'époque, un peu comme ceux de Casterman. Les albums avaient un nombre variable de pages tournant autour d'une cinquantaine. De 1953 à 1958, Koeleman réalisa 12 albums à couverture rigide. En 1951, Koeleman créa son style de dessin pour une raison très particulière. Il avait noté que ses jeunes neveux étaient rebutés par les albums de Tintin, les trouvant trop complexes à lire. L'idée lui est donc venue de faire une bande dessinée à trame narrative et dessins volontairement naïfs de sorte à les rendre facilement accessible aux plus jeunes lecteurs. On peut voir que, même sans plagiat flagrant initialement, Martin le Malin a vu le jour dans l'ombre de Tintin! Initialement, Koeleman tenta de publier lui-même les deux premiers albums... ce qui fut un désastre financier. En janvier 1953, Mulder lui offra un contrat afin de publier les deux albums. Ce fut un succès immédiat! Ainsi, 12 albums furent publiés de 1953 à 1958. Il est intéressant de noter que l'ordre des albums à couverture flexible (la numérotation) ne respecte pas l'ordre de sortie des albums originaux (à couverture rigide), Vous trouverez au bas de cette page un tableau avec la liste de la parution chronologique des aventures de Martin le Malin avec leur correspondance en fascicules et le nom des dessinateurs.
Nous pouvons noter plusieurs points intéressants, soit la coupure entre l'album original #8 et #9. Les six albums à couverture flexible parus (les 6 fascicules #25 à #30) "entre" ces deux albums les fascicules sont signé Alexo, le deuxième dessinateur voir plus bas. Et surtout le fait que l'album original #12 (La mallette au trésor) ne correspond qu'à deux fascicules... plus à ce sujet un peu plus bas. Détails intéressant, la dernière aventure ne comporte qu'un seul fascicule... 16 pages.
De nombreuses disputes entre l'éditeur (Mulder) et Koeleman marquent cette période... une rupture définitive éclatera en 1958 lors de l'exposition universelle de Bruxelles... détails amusant, on peu noter ce que pense Koeleman de l'Atomium en laissant Martin dire en regardant le palais de Boulard ayant une protubérance de l'Atomium "Bigre! En voilà une construction monstrueuse, il n'y a que Boulard pour avoir si peu de goût."
Donc, en 1958, Mulder se retrouve devant un problème pressant... une série terriblement populaire... mais plus de dessinateur. Ici, l'information que j'ai pu avoir de diverses sources et de mes propres recherches ne concordent pas. Je vous laisse le soin de décider. Si vous avez plus d'information à ce sujet, je vous invite à me le faire savoir.
Mulder engage donc un nouveau dessinateur pour continuer la série... Overeijnder (Alexo). Les deux premiers albums de Overeijnder un une facture graphique différentes de tous ses autres... Alexo utilisa les croquis laissés par Koeleman pour les deux aventures "La mallette de cuir brun" et "La couronne de Tchoung-Ho". "La couronne de Tchoung-Ho" (album original #14) et "L'espion de l'espace" (album original #15) sont très différents graphiquement.
On remplace celui-ci assez vite par Berend Dam. Dam (Bedam ou B.Dam) est un dessinateur maison qui a produit une autre série populaire chez Mulder, "Bully Dog".
Puis, coup de théâtre, un procès est intenté par les studios Hergé. Overeijnder avait calqué plus de 100 dessins des aventures de Tintin. On peut peut-être expliquer la diférence des deux premiers albums de Overeijnder par le fait que dans les deux premiers, ce sont ces dessins originaux... enfin, basés sur les croquis de Koeleman. Pour les autres... il calque Hergé! Peut-être Mulder mettait-il trop de pression afin qu'il livre! Vous pouvez voir ces dessins dans la section "Tintin et Martin"... vous pourrez même en voir plus que ce qui a été retenu lors du procès, car malgré ce qui est cru, même Bedam s'est laissé tenté par le papier calque!
Ce procès perdu par Mulder (allez savoir pourquoi...) clos la série de Martin le Malin. Détails cocasse, Bedam devait être en train de réaliser une aventure lors de cette fermeture... ce qui n'a pas empêché Mulder de tout de même publier une aventure de 16 pages... avec une fin bâclée au possible. Bref... comment retirer le plus de revenus avec ce que l'on a! On peut facilement imaginer une discussion entre Mulder et Bedam...
Mulder : |
Ok... on ferme boutique Bedam... c'est fini! Un détail avec Hergé! |
Bedam : |
"Ijnredrllh" (Juron Hollandais)! |
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Mulder : |
Mais... tu travaillais sur une histoire dis ? |
Bedam : |
Heu... oui. Il s'agit d'une fresque spatiale... grandiose... ma plus grande oeuvre... Bof... l'oeuvre d'une vie quoi! Mais, c'est pas fini encore... ça va me prendre encore une bonne semaine! |
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Mulder : |
T'as quatre heures... On imprime vers 18:00! |
Bedam : |
(Censuré) |
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Mulder : |
Dam.... |
Bedam : |
Ok... ça peut se faire. Tu crois qu'on va remarquer ? |
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Mulder : |
Naaaaa. Avec ce que l'on leur a fait bouffer à date... c'est à peine s'ils vont remarquer qu'il n'y a que 16 pages! L'inertie quoi! |
Bedam : |
Ok... done! |
Mulder a aussi perdu un autre procès... cette fois-ci contre Koeleman lui-même.
En effet, Mulder, afin de mousser les ventes de Martin le Martin, les fit paraîtres sous un nouveau format. Le fameux format fascicule de 16 pages. Ce format se prêta très bien à la vente et fut très populaire. Le seul problème, c'est que (pour une raison que j'ignore), le format "devait" être de 16 pages, mais les histoires originales n'étaient pas nécessairement faites sur un multiple de 16... de sorte que certains albums originaux de plus de 50 pages devaient tenir dans 48 pages (3 fois 16). Une certaine "édition" devait donc être faite. Et cette "édition" se résumait quelque fois à retirer carrément des pages entières! Mais ce qui dépassa les bornes, c'est la mise en fascicule de l'album #12 de Koeleman, "La mallette au trésor". Mulder publia cette aventure de 54 pages en... 32 pages, soit deux fascicules! 22 pages de retirées! Mulder se vengea ainsi lorsque Koeleman claqua la porte. Allez savoir pourquoi la trame narrative des fascicules #40 et #41 est pour le moins décousue... enfin... plus qu'à l'habitude! De plus, certains fascicules tels les #31, #34 et #35 ont des couvertures signés "Alexo"... même si c'est Koeleman qui les dessina!
Bref, Koeleman gagna aisément son procès et ce fut la fin de Mulder!
- Listes des albums -
# |
Titre de l'album original |
Fascicules |
Dessinateur |
1 |
La grande course |
1,2,3 |
Koeleman |
2 |
Le mystère de temple d'or |
4,5,6 |
Koeleman |
3 |
L'île de contrebande |
7,8,9 |
Koeleman |
4 |
Disparition mystérieuse dans la ville atomique |
10,11,12 |
Koeleman |
5 |
Martin le Malin pilote d'essai |
13,14,15 |
Koeleman |
6 |
Les martiens atterrissent |
16,17,18 |
Koeleman |
7 |
L'héritage de l'oncle Archibald |
19,20,21 |
Koeleman |
8 |
Martin le Malin et le monstre marin |
22,23,24 |
Koeleman |
9 |
Martin le Malin producteur de films |
31,32,33 |
Koeleman |
10 |
À la recherche de l'Atlantide |
34,35,36 |
Koeleman |
11 |
La fusée PX 15 en danger |
37,38,39 |
Koeleman |
12 |
La mallette au trésor |
40, 41 |
Koeleman(1) |
13 |
La serviette de cuir brun |
25,26,27 |
Overeijnder(2) |
14 |
La couronne de Tchoung-Ho |
28,29,30 |
Overeijnder(2) |
15 |
Les espions de l'espace |
42,43,44 |
Overeijnder |
16 |
L'autre monde |
45,46,47 |
Overeijnder |
17 |
La machine à remonter le temps |
48,49,50 |
Overeijnder |
18 |
Alerte!... Les indiens |
NIL |
Overeijnder(4) |
19 |
Le vieux taxi |
51,52,53 |
Bedam |
20 |
Cirque Hakibro |
54,55,56 |
Bedam |
21 |
Un vol pour rien |
57,58,59 |
Bedam |
... |
... |
60 |
Bedam(3) |
(1) Koeleman a toujours été contre le fait de faire des fascicules de 16 pages pour publier les Martin le Malin et il l'a fait savoir à Mulder. Mulder s'est vengé lors de leur rupture finale en publiant la dernière aventure de Koeleman en seulement 2 fascicules de 16 pages. 22 pages de retirées!
(2) La facture graphique est différente des autres oeuvres de Overeijnder. Sans doute se fiait-il sur les croquis que Koeleman avait laissés pour ces deux histoires ? Les trois autres oeuvres sont emplis de plagiats de Hergé.
(3)
La dernière aventure de Bedam (et de Martin le Malin) n'a jamais été publié en format à couverture rigide. Mulder, au moment de mettre les clés dans la porte a sans doute voulu utiliser tout ce qu'elle avait afin de remplir les coffres... les procès ça coûte cher!
(4) Petit détail intéressant, certains dessins de cet album ont étés réalisés par Bedam. Les deux dessinateurs ont donc été des collaborateurs.
- Notes -
-
J'ai longtemps cru que les albums originaux #13 et #14 (fascicules 25 à 30) étaient l'oeuvre d'un quatrième dessinateur. L'intérim entre Koeleman et Overeijnder si vous voulez! Je croyais que le nom de ce mystérieux dessinateur était "Dlexo". Je crois, après analyse qu'il s'agit de "Alexo". La signature semble débuter par un "D" mais c'est plutôt un "A" horizontal! Et Alexo c'est Overeijnder! Cependant, il est vrai que la facture graphique des deux premières aventures de Overeijnder est très différente de ses autres aventures! Mais il ne faut pas oublier que Overeijnder utilisait des croquis laissé par Koeleman afin de réaliser ces deux aventures, d'ou cette différence.
-
Les
aventures de Martin le Malin ont vu le jour dans les années cinquante.
À leur première parution, les aventures étaient
vendues sous forme d'albums reliés, un peu comme les albums de
Tintin. Mais contrairement à Tintin, les aventures ne sont jamais
apparues dans des magazines mensuels avant d'être reliés.
En
fait, c'est un peu le contraire. Les albums ont tout d'abord été
publiés en reliure rigide et par la suite vers la fin des années
cinquantes, sont apparues sous forme d'un album à reliure flexible
de 16 pages. Ces albums flexibles étaient de la même taille
que les albums reliés. C'était tout simplement les aventures
rigides divisé en trois parties de 16 pages.
Ce
qui amène de drôles de transitions dans certains albums
flexibles d'une même aventure! En effet, certains albums rigides
ne s'étalent pas sur 48 pages, mais sur quelques pages de plus.
La maison d'édition réglait ce problème d'une façon
très simple et radicale... elle coupait, souvent de façon
très directe, en retirant certaines planches, voire des pages
complètes. Ce qui explique dans certains cas que le lecteur des
albums flexibles ne comprenait pas comment Martin faisait pour se sortir
du pétrin d'un album flexible à l'autre... La réponse
se trouve dans l'album rigide!!! Vous pourrez voir dans la section ALBUMS
des exemples de telles coupures. J'espère faire cette section dans le courant de l'année 2006.
Décidément,
nous sommes loin de l'acharnement que Hergé portait à
son oeuvre pour qu'elle demeure "intégrale". Martin
le Malin donne l'impression qu'une maison d'édition profitait
d'une mode (celle de Tintin) pour tirer profit d'une pâle imitation.
Et le citron a été pressé à outrance!
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Par
la suite, les albums flexibles ont subies une autre transformation.
Le format a été réduit quelque peu, les titres
des albums parus affichés sur la jaquette arrière au lieu
de la première page et le visage de Martin (que vous voyez en
haut à gauche sur la présente page web) retiré
de la jaquette arrière. Ces albums sont ceux qui ont fait partie
de ma jeunesse, dans les années 60 et 70.
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Je
n'ai pas réussi à avoir une confirmation, mais il semble
que ces nouveaux formats n'ont été qu'une réédition
des aventures, pour faire peau neuve.
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Tout
simplement en voyant comment la série se termine (le numéro
60), soit de façon très bâclé et portée
par trois dessinateurs/auteurs,
nous voyons que nous sommes loin d'un chef d'oeuvre, et pourtant les
aventures ont tellement peuplés les journées pluvieuses
des enfants des années 50-70!!!
Si
vous le désirez, vous pouvez lire ces aventures même si
vous ne possédez pas d'albums à la maison en les lisant
grâce à ce site. Allez visiter la section "
Présentement
à l'affiche
".
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